mardi 20 janvier 2015

19h17 - Pour y voir plus clair

Hier soir, sur un coup de tête, je me suis mise à ranger ma chambre. 

Le genre de rangement que je ne fais qu'une fois par an (et encore). Un ménage de printemps en hiver. 

Il faut dire que ma chambre en avait bien besoin. Cela faisait des mois que j'entassais, sans avoir la force de trier, de ranger. Ce n'était même pas une question de ne rien vouloir jeter. Juste un manque de motivation, une pratique bien rodée de la procrastination. 

Mes cours, mon sac qui m'a également servi pour mon concours de novembre, tout était encore à sa place. Je ne sais pas si dans le fond, ça a un sens, de n'avoir touché à aucune de mes affaires d'école depuis la fin de mes études. Un passage au monde du travail, à la "vie d'adulte" difficile à assumer? Peut-être.

Quoi qu'il en soit, hier soir, j'ai pété un câble. Je ne sais même plus comment, mais je me suis retrouvée à vider mon placard, mes tiroirs, et à trier, ranger, réorganiser, jeter. Jeter. J'ai jeté tous mes cours de langues étrangères de la fac. Sans aucun problème. Alors que je stocke inlassablement mes affaires d'école dans le grenier de mes parents depuis la maternelle. 
Autant dire que je suis la première surprise de la facilité avec laquelle j'ai réussi à me débarrasser de certains cours. Par contre, impossible de me séparer de mes cours de droit. Trop d'investissement personnel et de souvenirs. Faut croire que j'y suis attachée à ce droit. 

L'objectif officiel de tout ce "bazardement" est de repérer et regrouper toutes les affaires que je souhaite donner ou vendre. Rien à voir avec la préparation d'un futur déménagement comme le disait mon père en plaisantant.

Qui dit objectif officiel dit objectif officieux. Et là, c'est plus complexe qu'une simple affaire de tri. Tellement plus complexe que je ne sais même pas comment exprimer les idées qui s'accumulent dans mon cerveau.

Hum voyons...

En fait, l'élément déclencheur de tout ça, ça a été le départ à l'étranger d'une très chère amie. 
Rien de très exceptionnel, enfin je croyais, car je suis habituée depuis plusieurs années à voir mes amies partir vers de plus (Australie) ou moins (Bordeaux) lointaines contrées. 
Mais là, le boomerang me revient en pleine gueule depuis ces dernières semaines. 
Parce que son départ à elle, leur départ, me confronte à ma stagnation, à mon enracinement. Je ne suis jamais partie à l'étranger pour étudier, pour travailler, pour me changer d'air. Pire (si je puis dire), je ne suis même pas sortie de la région. 
Je n'en ai jamais vraiment ressenti le besoin, l'envie. Et je suis bien trop peureuse. J'ai toujours eu une bonne excuse. Sauf qu'à présent, ça commence à me travailler. J'en ai presque des fourmis dans les jambes. L'impression que je passe à côté de quelque chose. Tout cela a été renforcé lorsque j'ai rencontré dans le cadre de mon travail une française prof à Washington et mariée à un Finlandais, un couple de jeunes français dont l'épouse est mutée aux USA pour son boulot, ou un autre couple où c'est l'époux qui est muté pour gérer un restaurant à Hong Kong... Ça me fait rêver. Sans savoir si cela est fait pour moi, ça me fait rêver. 

Alors je ne sais pas s'il s'agit d'un simple mimétisme car la majorité de mes amies ont bougé leur cul plus loin que le mien, ou s'il s'agit d'une réelle aspiration personnelle, insufflée par personne d'autre que moi-même. 

En tout cas, cela fait quelques temps que le débat est ouvert avec l'homme. Parce que lui aussi, il a des fourmis dans les jambes. Sans parler d'aller à l'étranger, compliqué vu l'orientation professionnelle que j'ai prise (mais suivre l'homme qui irait bosser à l'étranger, ça, ça serait chouette). Ne serait-ce que voir un autre coin du pays pendant un temps. Ça me plairait. Je crois.  

Plus globalement, je pense que le  problème de départ vient de mon retour au point de départ, chez papa et maman. Revenir au domicile familial après des années de logement étudiant et plusieurs mois de cohabitation avec l'homme, ça fout un coup au moral. Tout ça pour un premier boulot accepté (trop vite?) à la sortie de mes études, non adapté à mon niveau de formation et mal payé. Encore, si je pouvais affirmer que je m'éclate dans ce boulot, ça compenserait. Mais ce n'est pas le cas. Ça passe. Les journées passent. Sans grand épanouissement professionnel. 
Du coup, s'ajoute au questionnement sur mon immobilité géographique, un questionnement sur mes choix d'orientation, mes choix professionnels. Ça ne date pas d'hier, mais j'espère m'ôter ce doute un jour. Le plus tôt sera le mieux d'ailleurs.

Bref, je suis pommée. Et comme je suis pommée, je ne parviens pas à connaître mes envies réelles et profondes, je ne sais pas si tous les projets qui me passent par la tête le font pour de bonnes ou de mauvaises raisons. 
La seule chose que je sais, c'est que j'ai envie, besoin même, de changement, j'ai la bougeotte physique et intellectuelle. Il faut que je parvienne à trouver cet épanouissement auquel j'aspire tant. 



Emilie
(après avoir balancé tout ça, 
je me remets au ménage)

2 commentaires :

  1. Pourtant, si je me souviens bien, tu es partie en Ecosse avec une amie (vague souvenir de ton exposé de management du M2).

    En tout cas, pour moi c'est pareil. Envie de voyage parce que la vie en Auvergne, c'est pas vraiment le voyage :) même si l'école organise quelques excursions intéressantes mais pas suffisamment longues. Et retourner chez mes parents pour les fêtes, cela m'a montré tout ce que j'avais gagné en autonomie et même, osons le mot, en indépendance (et auquel je ne renoncerais pas).

    « Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche. » Montaigne

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    1. Oui c'est exact, c'était un petit goût de ce que c'est que de partir vivre à l'étranger pendant un temps. Et on avait adoré ça.

      Ahah, l'Auvergne, je te comprends ! Mais au moins, tu vois un autre coin du pays. Et puis comme tu dis, tu as ton indépendance :)

      Une fois de plus, j'aime beaucoup cette citation ! Elle colle parfaitement à la situation.

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